L'arche des Mots le feuilleton
Comme promis je vous livre le début du formidable feuilleton qu’est en train de nous écrire au jour le jour Nymphéa http://delamarre.biz/ avec les mots proposés quotidiennement.

Il faisait un cagnard à ne pas mettre un goujat* sur la mer, et l'ami qui avait fait la révolution avec lui, portait toujours une calebasse sur la tête !Il restait impavide aux moqueries du capitaine, car vrai huguenot, il ne craignait pas la franchise, même si ça l'agaçait un peu. (*jeune garçon)
Saperlipopette, reprit le capitaine, ouvre tes esgourdes, ballot, tu n'entends pas un air estudiantin joué à l'orphéon, toi ?
-Et non, vous avez trop bu d'alcool d'orangette, capitaine! répondit le goujat qui touillait une malodorante mixture dans un fait-tout rouillé.
"-Fripon, vagabond, gringalet, chiffonnier, margoulin, tu n'entends rien? Ecoute! Fini, le tohu-bohu, j'entends un limonaire maintenant!!!
-mais, capitaine, sortez du labyrinthe néfaste de l'alcool, cessez de me faire chicane, donnez plutôt un baiser d'amitié à votre amphitryon, peuchère !"
Le capitaine, les yeux exorbités, la timbale d'alcool de scorsonère à la main, chantait: "mets deux thunes dans
l'bastringue, et si t'es pas sourding'..."

--Eh, petit ! ,io léu, léu que l'as pas entendu do ,aquèlo cansou!! Cria-t-il en arpitan approximatif.
--eh oc! Mais, capitaine, ne barguignez pas, un peu de galanterie et de tolérance, allez libérer les deux cantonniers noctambules que vous avez enlevés au dernier mouillage, vous avez bien vu que c'était des femmes, quand même !
-Un peu que je l'ai vu, ça fait même un bail, sinon...! J’aime pas les carabistouilles, moi !
Le goujat ne comprit pas ce mot, pas plus qu'il n'aurait compris "nyctalope" ou "vertugadin", mots pourtant très courants. Il faut dire qu'il avait souvent porté le bonnet d’âne, tant il était ignare.
Le goujat, donc, se délectait de son ragoût qu'il avait "terminé" à la baratte pour lui donner plus de velouté.

- " Colchiques dans les près fleurissent,fleurissent..",s'égosillait le capitaine,en faisant tintinnabuler ses décorations épinglées, que dis-je,fixées avec du sparadrap sur son blouson de sport..
-"Ma mère m'a dit Antoine vat'faire couper les chv'..
-Capitaine! Assez!pas les élucubrations d’Antoine, quand même!Venez plutôt me goûter ça, c’est une vraie
panacée !

Le capitaine se leva...sa base de sustentation était plus près du point que du carré, il faut le dire.Il oscillait comme une libellule qui hésite à se poser.
-Carambar! S’insurgea-t-il. (Parfois il disait : caramel!), qu’est ce que c'est que ce grabuge, mes prisonnières rigolbochent dans la cale du "Triporteur", on dirait !aah!j'aime ça !
(Drôle de nom pour un navire, me direz vous?)Je vous entends: QUID?
-la quiddité est évidente : ce navire portait trois fois plus que les

: "tripoteur"! Savez vous qu'au 12ème siècle le mot "tripot" désignait l'acte amoureux ?)
Ceci explique cela !
Le capitaine se frottait les mains en répétant: "ah! J’aime ça !.."
La nuit était tombée...l'étoile du berger apparut ....(à suivre)
Que va-t-il se passer ? Vous le saurez (et moi aussi) dans l'épisode 6.